Ce jour-là, la nuit est tombée plus tôt que prévu, mais en regardant tout là-haut, j’ai vu une étoile de plus briller dans le ciel : celle de Nuit 🌙
Fille de Boléro du Coq et Bandoline Rose, ma jument préférée : Nuit Torride, entraînée par Philippe et Guillaume Gillot s’est éteinte à l’âge de 21 ans, dans sa maison où elle a grandi et où elle est, et restera à jamais, tant aimée.
Elle est celle par qui tout a commencé, la première jument sur laquelle j’ai misé une petite piécette mais par-delà, celle qui m’a fait aimer les courses. C’est ma jument préférée, c’est pour cela que je tenais à lui rendre un petit hommage, à mon échelle, aussi petite soit-elle…
Sans faire partie de son entourage et n’étant guère un professionnel du monde hippique, je ne connais pas les coulisses de sa carrière mais je peux vous raconter, avec ma vision de passionné, mon aventure avec elle, ce qu’elle représente à mes yeux.
Elle représente l’une des meilleures juments de l’histoire des courses, si ce n’est la meilleure sentimentalement parlant, par toutes les qualités qu’elle possède : le courage, le sérieux, la beauté, la constance et ses traits de caractères uniques : la fougue, le tempérament, et ses facéties.
Elle représente une partie de mon adolescence où je ne suivais qu’elle parmi tant d’autres. J’en ai des anecdotes à raconter, j’en ai tant que je me limiterai à quelques-unes.
Je me souviens de ce 3 août 2008, il y avait des courses à Aix-les-Bains et j’y étais à l’occasion du Trophée Vert, et au même moment se disputait également le Prix de la Haye (Gr. II) à Enghien. Les tribunes étaient remplies, les guichets déserts et moi, presque seul dans le hall où étaient diffusées les autres réunions. J’encourageais Nuit Torride en hurlant, un autre avait misé Lou de Fontaine par nostalgie et à mes côtés un fervent supporter de Nana du Las Vegas. À la victoire de Nuit, le monsieur m’a tapoté l’épaule en me disant “bien vu petit !”. Et oui, ce jour-là, tu as gagné au niveau Groupe ma championne !
Je me souviens du jour où je suis allé la voir à Mons, en Belgique, pour le Grand Prix de Wallonie. J’avais pris mon courage à deux mains afin d’aller voir Bernard Piton, mais trop timide pour lui parler je lui ai donné une enveloppe dans laquelle j’avais rédigé un petit mot griffonné pour l’encourager et pour évoquer tout l’amour que j’avais pour Nuit 🌙 ❤️ . Je me rappelle, j’avais écris sur une feuille blanche avec mon stylo 4 couleurs que j’utilisais à l’école, bloqué sur la couleur verte afin d’écrire vert sur fond blanc, les couleurs de Nuit Torride. C’était quasiment illisible et je ne sais même pas si Bernard Piton a pu lire quelque chose. Ce jour-là je t’ai vu si près de moi, si belle, avec ta petite pelote en tête blanche, si impressionnante de près. Et oui, ce jour-là, derrière Rapide Lebel, tu es 3ème de Groupe I ma championne !
Enfin, je me souviens du jour où je suis allé la voir avant cela pour le Grand Prix d’Amérique. J’avais du mal à réaliser que ma chouchoute briguait un tel niveau. Et pourtant, tu as été remarquable dans les légendaires préparatoires.
Je me rappelle de cette fin de course époustouflante dans le Prix du Bourbonnais, où même le commentateur t’avait qualifié de “boulet de canon”. Ses finishs, dont toi seule a le secret, et qui me donnent des frissons encore aujourd’hui.
Je me rappelle de cette lutte dans le Prix de Belgique avec l’illustre Maharajah où tu m’as éblouis. Une longue odyssée qui t’as mené au mythique Prix d’Amérique. Un souvenir inoubliable. Bernard Piton dans une voiture de collection, toi pendant le défilé, et toi passant devant moi devant les tribunes dans le premier tournant… Même si j’ai su à ce moment là que la tâche s’annonçait ardue.
Ce jour-là, tu n’as pu t’illustrer mais tu as été digne de participer au Prix d’Amérique ma championne, et ça, c’est digne d’une Crack.
Elle représente à mes yeux les plus nobles valeurs. Tu m’as appris la patience et le courage par-delà ta propre expérience. J’avais créé une alerte afin d’être prévenu lorsque tu courrais, en général tout les 15 jours/1 mois. Cette année là, 1 mois, 2 mois, 3 mois passèrent et, plongé au coeur de mes études j’attendais en vain ton retour. Où étais-tu passé Nuit ? Ce n’est que quelques temps après que j’ai appris le cœur lourd la sanction prise à ton encontre qui t’avait contrainte alors de t’éclipser. Une injustice mystérieuse qui demeurera sans doute à jamais sans réponse. 1 an c’est long pour le jeune passionné impatient que j’étais. Tu m’as appris cette patience, cette endurance, cette persistance, cette persévérance à travers cette souffrance…
Elle représente à mes yeux l’espérance, par ses enfants qui l’évoque à travers leurs noms minutieusement choisis : Fille de Nuit, Divine Nuit et tant d’autres, quelques unes sont poulinières, d’autres réformées, et puis il y a Gai Matin… Ce petit fougueux et ses facéties qui rappellent celles de sa maman dans son pré. Elle a été fière de toi et elle continuera à l’être de là-haut. Après avoir mis au monde Liaison Secrète, tu nous quittes sur une nouvelle merveille : Merci Nuit. Comme l’a si bien dit ton plus intime acolyte Guillaume Gillot : “tu as bien mérité un repos éternel”. Je ne pouvais te laisser rejoindre les étoiles sans te faire un dernier adieu, en versant une larme à cet instant, c’est fou l’émotion que tu m’a donné et que tu me donne encore, le coeur emplit de chagrin mais éternellement reconnaissant.
Tu as profité de ton pré et ton champ longtemps, aux côtés d’un entourage aimant, qui t’aime et t’aimera toujours. Tu es maintenant parmi les étoiles ⭐ , étincelante comme tu l’a toujours été ⭐ ✨ .
Voilà l’hommage que je tenais à rendre à celle qui est, et restera à jamais ma jument préférée, il est sans doute incompris, singulier, mais c’est la relation que j’avais avec elle.
Voilà l’hommage que je tenais à rendre, ma championne, je ne t’oublierai jamais, et lorsque je plongerai mon regard dans le ciel à la tombée de la nuit et verrai cette petite étoile scintiller, je saurai que c’est toi.
Au revoir Nuit 🌙

