De 1930 à 2020, d’Uranie à Bold Eagle, 90 ans de cracks à Vincennes

Maintenant que l’on connaît l’histoire de Vincennes, de sa naissance à son utilisation actuelle, que l’on connaît l’intérêt de suivre les courses et plus particulièrement les courses du meeting, et que l’on connaît le programme (d’ailleurs petite attention, la première course qualificative au Prix d’Amérique, le Prix de Bourgogne, se court demain à 15h15), on va retracer les chevaux qui ont fait l’histoire du trot, ces chevaux de la plus grande qualité, qui ont fait carrière au plus haut niveau et qui ont marqué les mémoires à jamais.

L’avantage du trot, c’est que les carrières des chevaux sont longues et que leur fréquence de courses est assez rapprochée, même pour les grands cracks. On peut donc facilement s’identifier à un cheval, suivre sa carrière, ses exploits, le voir marquer l’histoire, et c’est ce qui nous intéresse ! Alors retours sur quelques chevaux que l’on a sélectionné parce qu’ils ont fait vibrer les plus grands passionnés comme les suiveurs occasionnels, et qui ont même fait venir le Président de la République aux courses !

URANIE

Née en 1920, Uranie est une fille d’Intermède, un étalon honnête qui a plutôt bien produit. Uranie est la première pouliche de Pastourelle, sa mère, qui elle, a connu un peu plus de difficultés au haras.

Pouliche honnête, elle fait toutes ses courses et ne rechigne pas à la tâche. Elle fait plaisir à son premier entraîneur, Lucien Dufour, pour qui elle va remporter les plus belles courses à 3 ans, s’imposant comme la meilleure, en remportant le Prix de Vincennes, Groupe 1 au monté, elle qui a gagné pour sa première sortie avec son entraîneur à la drive, sur l’hippodrome d’Amiens.

En 1924, à l’âge de 4 ans, elle est vendue et change d’entraîneur: Valentino Capovilla s’en occupe désormais. Il cerne un très gros potentiel, et ce qu’il voit à l’entraînement va se révéler en courses. Mais il doit aussi faire face à une jument de caractère pas toujours facile à mener, mais avec des chevaux de cette trempe, c’est souvent un détail.

Assagie, elle parvient ainsi à battre des chevaux comme Tienneval, Roi Albert ou encore Passeport, des chevaux présents dans l’édition 1926 du Prix d’Amérique, année où elle sera invaincue.

Le Prix d’Amérique d’ailleurs, c’est assurément la course pour vraiment juger sa qualité !

Elle va le remporter à trois reprises, devenant le premier cheval à faire le triplé dans la course. Uranie enlève la course en 1926, 1927, et 1928. Elle aurait même pu être la première à faire le quadruplé et ainsi être à égalité avec Ourasi, mais alors que la victoire lui tendait les bras, ce dernier dimanche de janvier 1929, et ce malgré le fait d’avoir rendu 75 mètres au départ, elle a pris le galop à quelques encablures du poteau…

Uranie, c’est près de 6,5 millions de gains, en anciens francs, soit pratiquement 4 millions d’euros d’aujourd’hui, en France et à l’étranger, puisqu’elle s’est produite en Angleterre, en Italie, ou encore en Autriche.

À 10 ans, elle se retire des courses pour devenir poulinière et donnera naissance à deux trotteurs célèbres, Kairos et Ogaden, le premier étant le père de Gelinotte, une crack trotteuse des années 50.

UNE DE MAI

Née en 1964 à Bournezeau en Vendée, chez Hippolyte Bernereau, Une de Mai ne laissait pas présager l’illustre carrière qui l’attendait. Cette belle jument alezane aux grandes oreilles a été découverte par l’entraîneur Pierre-Désiré Allaire, qui l’a acquise de son propriétaire initial, Michel Lemelletier.
Peu avant ses succès dans le Prix de Vincennes et le Critérium des 3 ans, un certain Pierre de Montesson achète la moitié d’Une de Mai à Pierre-Désiré Allaire pour la faire courir sous ses propres couleurs.

Le trio désormais formé du comte de Montesson, de l’entraîneur et driver Jean-René Gougeon, et du lad Jean-Lou Peupion révèle le potentiel exceptionnel de la jument, qui remporte sa première grande victoire internationale dans le Prix d’Europe à Milan.

Entre 1969 et 1973, Une de Mai domine les courses, remportant la plupart des grands prix internationaux en France et à l’étranger. Elle est officieusement sacrée championne du Monde en 1969 et 1971, surpassant même le légendaire Nevele Pride, considéré comme invincible par les Américains.
Sa suprématie s’étend au trot européen, marquée par trois victoires consécutives dans le Grand Circuit européen, un exploit égalé uniquement par Idéal du Gazeau.

Sa carrière prend fin en 1974 et une malheureuse déchirure à l’estomac entraîne sa mort en 1978, un mois seulement après la naissance de sa seule et unique pouliche, baptisée May Flower.

Une de Mai, avec sa destinée exceptionnelle, demeure une légende du trot, ayant marqué l’histoire par ses exploits et sa domination sur les pistes internationales.

BELLINO II

Bellino II, issu de l’étalon Boum III et de la jument Belle de Jour III, voit le jour le 26 février 1967 chez Maurice Macheret à Vétraz-Monthoux en Haute-Savoie.

Débutant en course le 23 mai 1970 à Lyon, il se classe 3e du Prix du Blésois. Cependant, c’est avec Jean-René Gougeon aux commandes qu’il connaît ses plus grands succès.

En 1976, Bellino II devient le troisième cheval à remporter les Prix d’Amérique, de France, et de Paris la même année, réalisant un exploit inégalé depuis Gélinotte en 1956-1957 et Jamin en 1959. Cette année exceptionnelle inclut également sa victoire consécutive dans les cinq grands internationaux du meeting d’hiver, ajoutant le Grand Critérium de vitesse de la Côte d’Azur et le Prix de l’Atlantique au printemps !

Sa renommée atteint un tel niveau qu’il est invité sur le plateau du journal télévisé TF1 “Actualités 13 heures” en février 1977, accompagné d’André Théron et de Christian Bonnet. Lors de sa course aux Pays-Bas, Bellino II, surnommé “le rouleau compresseur”, bat le jeune miler américain Pershing, établissant un nouveau record en 1’13” min.

Il met fin à sa carrière en accumulant la somme impressionnante de 9 034 089 francs, soit environ 5 500 000€.

Sa légende persiste, et Bellino II reste le dernier cheval à avoir remporté le Prix d’Amérique, de France et de Paris dans la même année jusqu’à l’exploit de Bold Eagle en 2017… soit un record de 40 ans !

Son surnom reflète sa domination implacable sur les pistes, symbolisant un chapitre inoubliable dans l’histoire des courses hippiques.

BOLD EAGLE

Bold Eagle, sous la houlette de Jean-Étienne Dubois, débute en compétition à l’hippodrome de Laval, affichant des débuts modestes à deux ans, mais dès ses 3 ans les choses vont s’accélérer rapidement.

Sa première victoire de groupe survient dans le Prix de Gien (Gr.3) en juin 2014, et après un sa nouvelle acquisition par un consortium de propriétaires, Pierre Pilarski en première ligne, il continue de dominer en s’adjugeant des classiques tels que le Critérium des 3 ans et le Prix de Sélection.

Désormais sous les couleurs de la casaque rouge, épaulettes noires et toque jaune, Bold Eagle reste invaincu lors du meeting d’hiver à trois ans, remportant des classiques comme le Prix d’Amérique et le Prix de France.
La saga de victoires se poursuit au niveau européen avec des succès dans le Grand Prix de l’UET et le Critérium continental. Bold Eagle, grand favori, impressionne en pulvérisant le record du Prix d’Amérique, établissant sa domination.

À cinq ans, il réalise le doublé inédit Prix d’Amérique – Prix de France et ajoute le Prix de Paris à sa liste de triomphes. Son règne se poursuit avec des victoires dans des groupes 1 tels que le Prix René Ballière et le Critérium des 5 ans.
Lors du meeting d’hiver 2016-17, il échoue à compléter la triple couronne, mais se rachète avec un nouveau succès dans le Prix d’Amérique et le Prix de France.

Bold Eagle brille même de l’autre côté du globe, en remportant la Breeders’ Crown à Woodbine au Canada. Au fil des années, il continue de cumuler les victoires, ajoutant des titres prestigieux à son palmarès.
Cependant, des signes de vulnérabilité apparaissent lors du meeting d’hiver 2017/2018, avec des défaites inattendues. Malgré cela, il renoue avec le succès dans des courses importantes, démontrant sa ténacité.

Le cheval fait face à des défis nouveaux, comme la tentative de revanche à l’Elitloppet, où il doit se contenter de la quatrième place. Malgré des hauts et des bas, Bold Eagle marque des points avec une victoire dans le Prix René Ballière. Les saisons suivantes montrent une légère baisse de performance, mais le trotteur français persiste et signe des victoires, dont une mémorable à la Breeders’ Crown en Amérique du Nord.

Bold Eagle entre dans sa dernière saison de compétition avec des performances mitigées, montrant des signes de vieillissement. Sa carrière se conclut par des adieux en Belgique, soulignant son statut de légende des courses hippiques.

Avec 46 victoires, 5 millions d’euros de gains pour 21 groupes 1, Bold Eagle laisse une empreinte indélébile dans l’histoire du trot.

Illustre fils de Ready Cash, il en est le meilleur “porte drapeau” en course et sera certainement un de ses meilleurs continuateurs lui qui a déjà produit des chevaux vainqueurs de Groupe 1 !

READY CASH

Ready Cash, né en 2005, s’inscrit dans l’histoire du trot français avec une carrière exceptionnelle.

Qualifié à Grosbois à l’âge de 2 ans, ce cheval bai foncé par Indy de Vive et Kidéa, sous la houlette de l’entraîneur Philippe Allaire, fait ses débuts victorieux à Reims, marquant le début d’une trajectoire prometteuse.

Malgré une disqualification à Vincennes due à un incident en piste, Ready Cash se rattrape avec quatre victoires consécutives, dont le Critérium des Jeunes. Sa suprématie se confirme avec les victoires dans le Critérium des 3 ans et le Prix Albert Viel.

Le meeting d’hiver de Vincennes en janvier 2008 reste gravé dans les mémoires, couronné par une victoire époustouflante dans le Prix Charles Tiercelin. Néanmoins, une déception survient au printemps avec une sixième place dans le Prix de l’Atlantique. La collaboration avec son nouveau driver, Franck Nivard, se concrétise à l’automne, marquée par des victoires dans le Prix Marcel Laurent et le Prix Octave Douesnel.

Les défis majeurs approchent, notamment le Prix d’Amérique. Malgré une préparation compliquée, Ready Cash s’aligne comme favori, et surtout déferré des 4 pieds par son entraîneur Philippe Allaire qui tente quelque chose avec ce cheval nerveux qui peut bien fauter avec cette toute première configuration, et malheureusement une faute ruine ses chances.
Malgré ces aléas, il enchaîne avec des victoires en province, mais Ready Cash a besoin de renouveau et très intelligemment le cheval va être placé sous la direction de Thierry Duvaldestin, pour viser le Prix d’Amérique 2011. Malgré des performances parfois irrégulières, Ready Cash brille dans le Prix de Bourgogne, affirmant sa place de favori pour le Prix d’Amérique 2011. Il répond ensuite aux attentes, remportant la grande épreuve avec une maîtrise impressionnante.

La consécration se poursuit avec le doublé Prix d’Amérique-Prix de France, mais une période de repos s’ensuit jusqu’en octobre. Le retour à la compétition est marqué par des victoires dans les “4B” préparatoires au Prix d’Amérique, soulignant sa forme exceptionnelle et en janvier 2012, Ready Cash réalise un exploit en conservant son titre au Prix d’Amérique, devenant le vingtième cheval à remporter plusieurs fois cette prestigieuse course.

À l’été 2012, Ready Cash fait une incursion réussie à l’étranger, remportant le Grand Prix de Wallonie à Mons. Son succès se poursuit à Vincennes avec le Prix d’Été et le Prix de Bourgogne. Les campagnes suivantes sont marquées par des victoires et des défis relevés, notamment dans Grand Prix d’Amérique.

Suite à sa défaite dans le Grand Prix de France 2014, la décision sera prise de lui offrir sa retraite tant méritée au haras. Mais ce sera sans compter… l’annonce surprise d’un retour en piste en 2015 qui va créer de nouveau des attentes ! Malheureusement, après quelques courses, Ready Cash se retire définitivement de la compétition.

Après une carrière comblée remplie de hauts et de bas mais finalement de très hauts dont peu peuvent prétendre, il se retire avec des gains dépassant les 4 millions d’euros, et s’établit comme le deuxième trotteur français le plus riche de l’histoire, laissant une empreinte indélébile dans le monde des courses hippiques.

Enfin, il ne disparaît pas totalement des courses puisqu’il va s’établir comme étalon au haras de Bouttemont. Sa carrière ayant déjà commencé en 2009, sa renommée en tant qu’étalon n’est pas à faire. Au final il aura produit plus de cent vainqueurs de Groupe 1 dont Bold Eagle, Face Time Bourbon, Traders, Bird Parker, Readly Express… pour en citer que quelques uns.

Pour l’anecdote, il est devenu le premier étalon en trot dont le prix de saillie n’était plus communiqué publiquement, laissant une estimation de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

OURASI

Ourasi, issu du haras de Saint-Georges, a débuté sa carrière sans susciter d’attentes particulières de la part de son propriétaire, Raoul Ostheimer, qui ne le trouvait pas vraiment éveillé et d’un caractère plutôt paresseux. Mais alors que le haras connaissait des difficultés économiques, Ourasi, unique poulain de l’année, a commencé à se démarquer à l’âge de deux ans sous la direction de Raoul Ostheimer lui-même, malgré des débuts peu convaincants.

A partir de 1983, il est associé au talentueux driver Jean-René Gougeon. Le cheval, surnommé le “Roi fainéant” en raison de son caractère particulier, commence à engranger les victoires, remportant même le Critérium des Jeunes, Groupe 1 pour les 3 ans, (un peu) à la surprise générale. J.R Gougeon, désormais surnommé “Le Pape de Vincennes”, doit composer avec la nonchalance d’Ourasi à l’entraînement, qui contribue également à la légende du cheval.

En 1984, bien que victorieux dans des courses semi-classiques, Ourasi ne parvient pas à briller dans les rendez-vous cruciaux, et sa grandeur n’est pas encore reconnue. La rivalité avec Orco, son adversaire de l’époque, est éphémère, laissant place à la montée en puissance d’Ourasi sur la scène hippique.

L’année suivante, Ourasi, alors âgé de cinq ans, s’affirme comme un phénomène du trot; avec neuf victoires et quatre places en treize courses, il devient le leader de sa génération, remportant le Critérium des 5 ans malgré sa troisième place au Prix de Sélection.
À la fin de l’année, il défie les chevaux d’âge dans les préparatoires au Prix d’Amérique, émergeant comme le favori.

En 1986, après une victoire dans le Prix de Belgique, une des “4B” où il établit un nouveau record de 1″15″6 au km, il triomphe dans le Prix d’Amérique.
Sa domination se poursuit donc avec une invincibilité de 522 jours et 22 courses, incluant des victoires prestigieuses comme le Prix de France Gr.I, le Prix de Sélection Gr.I, le Prix de l’Atlantique Gr.I et le Grand Critérium de Cagnes Gr.I.

Sa première incursion à l’étranger est couronnée de succès en Allemagne, dans l’Elite Rennen, et sa course légendaire dans le Prix René Ballière en juin 1986, où il surclasse ses rivaux malgré un complot de ces derniers afin de l’empêcher de gagner, reste mémorable.
Cette domination continue jusqu’en 1987, puisque Ourasi reste invaincu jusqu’en juin, remportant le Prix d’Amérique pour la deuxième fois, suscitant l’admiration avec une cote improbable pour l’époque de 1,1/1.

En 1988, Ourasi continue de briller, remportant quinze de ses dix-sept sorties, incluant un troisième Prix d’Amérique. L’année est marquée par une aventure aux États-Unis contre l’Américain Mack Lobell, déterminant une “suprématie mondiale”. Ourasi s’inscrit ainsi dans le panthéon des courses, rejoignant Uranie, Roquépine et Bellino II en tant que seuls triples lauréats du Prix d’Amérique.

En 1989, Ourasi, déjà considéré comme l’un des meilleurs trotteurs de l’histoire, se prépare à disputer son quatrième Prix d’Amérique à neuf ans et tente un quadruplé historique.
Après son retour des États-Unis, il remporte les trois préparatoires, suscitant l’attente d’un exploit.
Cependant, le jour de la course, des événements inhabituels perturbent la routine d’Ourasi. En effet il aura à son box une foule des plus dense venue le voir avant sa course. L’événement, auquel assiste même le président François Mitterrand, prend une tournure inattendue. Ourasi, habituellement inébranlable, ne peut faire mieux que troisième, créant la stupeur générale.

Peu après, un deuxième séisme viendra secoué Ourasi, puisque Jean-René Gougeon, son complice attitré, décide de prendre sa retraite après un infarctus. C’est son son frère Michel-Marcel qui reprend les rênes.
Ourasi se ressaisit en remportant le Prix de Paris et trois autres Groupes 1, dont le Grand Prix d’Oslo en Norvège. Toutefois, à neuf ans, l’heure de la retraite approche. Le Prix d’Amérique 1990 devient un rendez-vous crucial, marquant la fin de sa carrière à dix ans, l’âge limite pour cette course.
Le record tant attendue survient le 28 janvier 1990, avec une préparation plus prudente. Ourasi, surnommé “le Roi Fainéant”, triomphe devant un public galvanisé, brisant le record du Prix d’Amérique en 1’15″2 et inscrivant son nom dans l’histoire du trot.

Conservé mâle, il se révélera très peu fertile une fois au haras. Il sera ainsi rapidement retiré et profitera d’une belle retraite, jusqu’à son dernier souffle, à l’âge de 33 ans, un âge très avancé pour un cheval (25 ans étant l’âge moyen) qui étonne une dernière fois !

En son hommage, le dimanche 22 juin 2014 fut inaugurée la statue d’Ourasi sur l’hippodrome de Vincennes réalisée par le sculpteur Arnaud Kasper.

Petite anecdote: le surnom de “Roi fainéant” lui vient également de son habitude a dormir allongé, ce qui est inhabituel pour un cheval. Ainsi son entraîneur trouvait en cela une façon pour ses jambes de mieux récupérer. Fainéant jusqu’au bout, c’était peut-être finalement un cheval plus intelligent que paresseux, comme c’est souvent le cas pour les très bons chevaux.

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