Les acteurs de l’obstacle Chapitre 3: les entraîneurs!

ANDRÉ ADELE

Tous s’en sont inspirés, certains se réclament de sa méthode et même ceux qui l’ignorent utilisent sa façon de faire. André Adele c’est l’entraîneur référence du siècle dernier, celui qui a formé Jean-Paul Gallorini entre autre, celui dont Guillaume Macaire s’est inspiré, c’est un de ceux que l’on appel “maître”

André Adele

C’est un précurseur de l’entraînement des chevaux de courses, un œil fin, un metteur au point, un Homme de cheval, un homme de l’obstacle, une des premières figures des courses qui a fait des courses d’obstacle un “sport” à part entière en mettant en place un dressage précis afin que les sauteurs puissent être appelés et considérés de la sorte.
Pour que les courses d’obstacle se courent avec des chevaux d’obstacle et non des mauvais chevaux de plat.

André Fabre lui même s’en serait inspiré !

André Adele apprend le métier après la guerre, chez un entraîneur américain. Issu d’une famille d’entraîneurs, il s’établit à Achères, avec au meilleur de sa carrière 80 lads sous ses ordres et 250 chevaux répartis dans 7 cours. Sa méthode est simple, à l’image du Baron Finot avant lui, et comme beaucoup d’autres ensuite, il mécanise ses chevaux.

Et pour cela, les poulains doivent sauter en liberté, le maître les regarde, scrute leur geste et se fait une idée bien précise de la qualité de chacun. Ainsi, c’est dès leurs premiers pas dans l’écurie que les jeunes recrues se retrouvent à sauter des petits fagots, avant même de découvrir leurs boxes !

Et ce sera ainsi pendant quelques jours avant qu’un lad puisse monter dessus.


André Adele laissera une trace après sa mort, le 15 février 1978, mais il aura également marqué les mémoires de son vivant.

Une des 7 cours de l’écurie Adele

Preuve en est lorsqu’il sera victime d’une hémorragie interne; bon nombre des lads et autres employés des courses mansonniens feront des dons de sang afin de tenter de le sauver…

Il remportera 5 Grand Steeple entre 1958 et 1977 Seuls deux entraîneurs feront mieux dans cette course, Bernard Secly avec 6 succès et Guillaume Macaire, détenteur du record avec 7 victoires dans la course.

JEAN-PAUL GALLORINI

Récent retraité, Jean-Paul Gallorini, l’homme qui aimait dire qu’il pouvait “être entraîneur pendant 100 ans” a pris sa retraite après son meeting de Cagnes 2020-2021 et 45 ans de carrière…
Avec 35 Groupes 1 en France, le Prix Maurice Gillois étant le seul qu’il n’aura pas gagné, mais plusieurs fois second de la course, Jean-Paul Gallorini a marqué les courses grâce à sa méthode, ses résultats, son charisme et ses coups de maître.

Jean-Paul Gallorini

Jockey reconverti plus vite que prévu, suite à une chute au mur d’Enghien, en avril 1973, lui fracturant le crâne et la mâchoire, il aura pour maître d’apprentissage, qu’il définira encore à la fin de sa carrière comme son maître à penser, André Adèle.
De cet apprentissage du métier d’entraîneur, il en ressortira le titre de “Meilleur entraîneur de l’année” à 11 reprises.

Il faut dire que les statistiques sont folles pour l’ancien jockey Marseillais devenu entraîneur à Maisons-Lafitte, fervent défenseur du site, devenu un peu le sien.

Il comptera 33 Prix Wild Monarch (poulains et pouliches confondus) 4 Grand Steeple, le premier avec Chinco en 1979, puis Kotkijet son “Tyson” en 2001 et 2004, et Remember Rose en 2009, avec qui il fera le doublé d’ailleurs, “Grand Steeple” – Haye Jousselin la même année.

Précurseur, il intègrera les femmes au peloton et notamment Béatrice Marie, à qui il fera gagner la Grande Course de Haies en 1988 avec Goodea.
La Grande Course de Haies, il l’a remportée aussi avec Mandali en 2010 pour la casaque Zingaro avec un certain… Christophe Soumillon, alors tout jeune dans la discipline.

Kotkikova lui permettra de gagner sa dernière course de Groupe 1, le Prix Ferdinand Dufaure en 2015.

Jean-Paul Gallorini c’est aussi un vrai passionné des courses, qui fera la promotion de quelques étalons passés sous son entraînement comme Nickname ou encore No Risk At All, descendance de sa très belle histoire Neomenie, mais aussi Cokoriko, un étalon en plein boom qui va très certainement terminer l’année tête de liste pour la première fois !

GUILLAUME MACAIRE

C’est l’entraîneur le plus titré de l’épreuve du Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I

Avec 7 succès dans l’épreuve, mais aussi de nombreux autres records établis, Guillaume Macaire est aujourd’hui l’un des plus grands entraîneurs de l’histoire.

Guillaume Macaire entouré de Hector de Lageneste, désormais son associé, à gauche, et Johnny Charron, jockey de Sel Jem, vainqueur du Grand Steeple 2022, à droite.

Né à Compiègne en 1956, Guillaume fréquente régulièrement l’hippodrome de Compiègne durant son enfance.
Il raconte que très vite, en voyant la beauté des courses, il avait trouvé sa vocation et ne se dévouerait plus qu’à ce métier. C’est ainsi qu’après une courte carrière de gentleman, les débuts dans le métier sont compliqués pour cet homme qui n’est pas un enfant de la balle.

Mais qu’importe, lui qui aime raconter que “même si c’était difficile, cela avait du goût” il s’accroche avec des objectifs plein la tête. Et pour cela, il faut trouver un endroit pour appliquer sa méthode.

Ce sera d’abord Compiègne, puis Maisons-Lafitte, avant d’aller en Dordogne.
Mais depuis 25 ans maintenant, c’est à Royan-La Palmyre que le maître entraîneur a trouvé son bonheur.
Visionnaire, c’est d’ailleurs devenu la place forte des chevaux d’obstacle en France.

Sa réussite, il l’a bâtie en suivant les préceptes du Baron Finot, mais également d’André Adele et Jean-Paul Gallorini. La méthode est simple et basées sur la répétition du geste afin de mécaniser les chevaux et ce déjà très tôt. C’est pourquoi derrière l’homme il y a toute une équipe de confiance qui débute dès le pré-entraînement.

On peut dire qu’il complète et parachève le travail de ceux qui l’ont amener à entraîner de la sorte, les “Adele” et “Gallorini” qu’il aime citer lors de ses explications de dressage des poulains, tout en apportant des touches personnelles d’innovation comme l’utilisation d’obstacles mobiles à l’entraînement afin de varier les parcours et garder ses chevaux à l’affût. Son installation a Royan, loin d’être toute simple au début, aujourd’hui son association avec Hector de Lageneste afin de partager les tâches et performer au mieux… etc l’homme de Royan ne s’arrête jamais d’innover et chercher à mieux faire, même lorsque bon nombre de ses exploits dans le métier constituent des records historiques.

Son entraînement permettra de gagner des “Grand Steeple” avec des 5 ans, réputé comme compliqué, mais aussi de gagner avec bon nombre de 3 ans, tout en faisant gagner des chevaux âgés jusqu’à 15 ans pour certain, durant la période estivale et notamment à Pompadour, champ de courses qu’il aime tant, théâtre de ses exploits.

Parmi ses plus beaux souvenir, Jaïr du Cochet sera certainement son plus beau, un cheval qu’il admirait, perdu subitement à la suite d’un accident à l’entraînement.

Plus tôt dans sa carrière, il gagnera des Groupes 1 en Angleterre, mais aussi en Italie, où il se rend chaque année pour enlever le Grand Prix de Merano Gr.I, entre autres. Il remportera cette course d’ailleurs avec Rigoureux, alors âgé de 12 ans, un cheval qui l’aura marqué par son histoire, passé tout près de la mort.

Arenice lui offrira son premier Grand Steeple en 1996, et Sel Jem lui permettra de remporter son 7e succès dans la course, devenant ainsi le seul détenteur du record du nombre de victoires dans la course.

En quelques chiffres, Guillaume Macaire, c’est:

  • Plus de 6 000 victoires
  • 7 Grand Steeple
  • Tête de liste des entraîneurs durant 15 ans
  • 282 victoires sur une année, en 2015, record qui tient encore !

BERNARD SECLY

El Paso III, Katko, Kadalko, Al Capone II, Northertown, Cadoudal, Mon Filleul…


Vous vous demandez quel est le point commun de ces chevaux ?
Ils sont tous passés entre les mains de Bernard Secly !

Bernard Secly

Entraîneur de légende, détenteur du record de victoires dans le “Grand Steeple” jusqu’en 2022, lauréat de 42 Groupes 1 en plat et en obstacle confondus.

Véritable Homme de Cheval, Bernard Secly a débuté dans l’anonymat, obtenant sa licence d’entraîneur à 26 ans, un jour de 1957.

Souvent associé à l’obstacle, il s’est révélé en plat et a même remporté 5 Groupes 1 dans cette discipline, dont le Prix Ganay.

Il a dû attendre 1958 pour ouvrir son palmarès, en plat donc, sur l’hippodrome du Tremblay
Sa carrière d’obstacle a débuté un an après, le 24 septembre 1959, à Enghien avec un cheval nommé Chispa, une jument de 5 ans gagnante à Longchamp déjà !

L’année suivante, il remporte 10 victoires en plat, ce sont les vrais débuts de l’entraîneur.

En 1964, il enlève le Prix Royallieu Gr.I, son premier groupe.


Bernard Secly est un exemple pour beaucoup, lui qui sait entraîner dans les deux disciplines, excellent à l’obstacle et surtout capable de faire des chevaux d’obstacle après une carrière en plat, à l’image de Northertown, un cheval troisième du Prix Royal Oak, Groupe 1 sur 3100 mètres qui sera triple vainqueur du Grand Steeple-Chase d’Enghien et réalisera le doublé deux fois avec le Grand Steeple d’Enghien – Grande Course de haies d’Enghien !

Mallatesta sera son premier vainqueur en obstacle, un cheval qui a remporté le Prix de La Force Gr.III et qui gagnera à 9 ans à Enghien.

Auteuil. Le seul hippodrome d’obstacle sur lequel il faudrait courir. C’est ce que pensait l’homme aux six Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I
Il y connaîtra ses plus belles émotions, et bon nombre de ses pensionnaires ne connaîtront que cet hippodrome.

Katko et Al Capone II seront les deux chevaux marquants de sa carrière, le premier triple vainqueur du “Grand Steeple” et considéré comme le sauteur du siècle, le second n’en comptera qu’un seul, mais remportera 7 “Haye Jousselin”, l’épreuve phare de l’automne.

Au total, Bernard Secly compte 37 Groupes 1 en obstacle. À l’image de Jean-Paul Gallorini, il marquera également le plat avec un cheval qui s’est révélé en course et qui excellera à l’élevage: Cadoudal, père d’un certain Saint des Saints…

Bernard Secly prendra sa retraite après 53 ans de carrière, en 2010, et décédera malheureusement le 12 septembre 2015.

FRANÇOIS DOUMEN

Fils du célèbre entraîneur Jean Doumen, il embrasse le métier à son retour d’Afrique du Sud, une fois concrètement installé à Chantilly en 1979, avant de remporter plus de 30 Groupe 1

François Doumen

Joueur de polo, c’est à la demande de son père malade qu’il rentre en France afin de reprendre le flambeau familial et perpétuer l’entraînement.

Et si François Doumen est un globe-trotter dans l’âme, il fera la même chose avec ses chevaux où il ira courir un peu partout dans le monde.

Avec Double Bed déjà en 1988, un cheval de plat, avec qui il ira aux États-Unis remporter Groupe 1, mais également avec son fils, Jim and Tonic, qui sera lauréat de Groupe 1 à Hong Kong

Entraîneur à succès donc en plat, il n’est pas en reste à l’obstacle et son palmarès nous permet d’étaler ses exploits dans cette discipline. Et puis égaler André Adele au nombre de victoires dans le Grand Steeple (5 entre 1991 et 1998) ce n’est pas rien non plus !

En obstacle alors, First Gold marquera sa carrière d’entraîneur. Troisième du Grand Steeple, vainqueur de la Haye Jousselin Gr.I et vainqueur de Groupe 1 en Angleterre, il bâtira la carrière des 3 mousquetaires Ubu III, Ucello II et The Fellow.

Il aura même un cheval à l’entraînement pour la Reine Mère, Kelami, qui gagnera à Cheltenham peu après sa mort. Visionnaire, il remporte les King Georges en 1987, avec Nupsala, un AQPS, élément déclencheur pour les Anglais qui s’intéresseront et investiront massivement par la suite dans cette “nouvelle race”

Enfin, il permettra même à Kasbah Bliss, après une carrière en obstacle devenue compliquée malgré six groupes en haies, de gagner Groupe 1 en plat, en remportant le Prix du Cadran.

Pour ne pas déroger à la règle, il remportera son dernier Groupe 1 en 2012, au Canada, avec un cheval prénommé Siyouma.

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