
URBAN SEA
Née au haras d’Étreham, propriété de la famille Tsui et entraînée par Jean Lasbordes, Urban Sea a été remarquable en course, mais encore plus à l’élevage, au point que les 8 premiers de l’Arc 2018 dépendent de sa descendance.

Elle commence sa carrière à 2 ans et remporte 2 Listed, l’une à Longchamp, l’autre à Deauville. Montée par Mathieu Boutin, partenaire qu’elle va quitter après sa victoire dans le Prix Exbury Gr.III, elle va retrouver Cash Asmussen pour quelques courses avant de terminer sa carrière avec Éric Saint-Martin, dont leur première association sera une victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe Gr.I !
En course, ce sera plus d’un million de gains, 24 courses à travers le monde, dont 3 Listeds, deux Groupes 3, un Groupe 2 et un Groupe 1, la plus belle course qui soit; l’Arc. Palmarès exceptionnel, c’est au haras qu’elle va transformer l’avenir du Pur-Sang, considérée comme “la mère du galop européen” par France Sire, elle est la génitrice, entre autres, de Galileo devenu le meilleur étalon de l’histoire, ainsi que Born to Sea et Sea the Star, qui ont une influence omniprésente. Elle a en plus fait quatre vainqueurs de Groupe 1 différents et permet donc, à travers ses victoires, mais aussi en laissant son sang dans les meilleurs étalons de la planète, de marquer l’histoire des courses mondiales.
ALMANZOR
Entraîné par Jean-Claude Rouget, propriété d’Antonio Caro dont il porte les couleurs, et Gérard Augustin-Normand, Almanzor a connu une carrière exceptionnelle, tantôt associé à Christophe Soumillon, tantôt à Jean-Bernard Eyquem, le duo fidèle de l’époque de Jean-Claude Rouget.

Lauréat à 2 ans de Listed dans le Grand Critérium de Bordeaux, il est à 3 ans vainqueur du Prix de Guiche Gr.I avant de remporter le Prix du Jockey Club Gr.I, puis le Prix Guillaume d’Ornano Gr.II au mois d’août à Deauville. Vainqueur des Irish Champion Stakes Gr.I et des Champions Stakes d’Ascot Gr.I à l’automne de ses 3 ans, il arrêtera sa carrière à 4 ans après une course, une rentrée tardive au mois d’août où il se classera 5e du Prix Gontaut-Biron Gr.III. Élu “Champion européen à 3 ans”, il a battu des chevaux comme Zarak, Found, New Bay, Highland Reel ou encore Talismanic…
En tout, il aura devancé 7 chevaux lauréats de 23 Groupes 1. Une fois sa carrière de courses terminée, il est entré au haras, bénéficiant d’une forte demande, et a vite répondu présent. Père de Lassaut, Around Midnight, mais aussi de Rajapour, tous entraînés par Jean-Claude Rouget, qui le soutient tout naturellement, il place 70% de ses yearlings partants aux trois premières places et justifie régulièrement des yearlings vendus à plus de 100 000 € sur les différents rings de vente de la planète. Il a réussi sa reconversion, lui qui affiche un compte en banque riche de pratiquement 3 millions d’euros !

TRÊVE
Plus de 7 millions d’euros de gains, 9 victoires, dont 6 Groupe 1, le tout en 13 courses. Elle a gagné sur des distances allant de 1600 à 2400 mètres. Élevée par ses propriétaires et entraînée par la même famille, c’est l’une des plus belles histoires des courses.
Issue de l’élevage Head, passée en vente et retirée à seulement 22 000 euros, Trêve a fait vibrer le monde des courses français et laissé le reste du monde admiratif.

C’est le père de Christiane Head-Maarek, Alec, qui a élevé cette petite pépite. Confiée à sa fille Criquette suite à son rachat aux ventes, elle effectue des débuts victorieux à 2 ans, au mois de septembre 2012.
Elle ne sera revue qu’en 2013, au mois de mai, à l’âge de 3 ans, elle effectue une rentrée victorieuse avant de s’aligner dans le Prix de Diane Gr.I et de s’imposer par 4 longueurs.
À l’été de la même année, elle est vendue à Al Shaqab mais reste à l’entraînement chez celle que l’on a l’habitude de surnommer “Criquette”
Elle reprend alors sa campagne en enlevant son premier Prix Vermeille Gr.I, avec Frankie Dettori, remplaçant de Thierry Jarnet, avant de remporter son premier Prix de l’Arc de Triomphe Gr.I, de nouveau associé à Thierry Jarnet, en remplacement de François Dettori, sur la touche, par 5 longueurs devant Orfèvre, le crack japonais, et qui était sûrement la plus belle chance jusqu’à aujourd’hui encore pour le Japon de remporter l’Arc.
Élue “Cheval de l’année en Europe” et “Meilleure pouliche de 3 ans”, elle est donc invaincue jusqu’à ses 4 ans.
Mais en 2014, alors qu’elle fait sa rentrée dans le Prix Ganay, le premier Groupe 1 de l’année en France, elle se classe deuxième de Cirrus des Aigles, le crack de Corinne Barande Barbe, dans un terrain compliqué qu’elle n’affectionne pas vraiment, battue d’une petite tête, après 6 mois d’absence due à plusieurs pépins physiques. La suite de son programme se déroule en Angleterre où elle se classe 3e des Prince of Wales’s Stakes Gr.I. Elle reviendra ensuite dans le Prix Vermeille où elle se classe 4e. Mais son entraîneur ainsi que son équipe restent confiants pour l’Arc. Après tout, elle n’est pas faite du même bois que les autres, c’est Trêve ! Et leur confiance leur donne raison, puisqu’elle réalise le doublé dans l’Arc après un an sans victoire…
Le monde des courses tremble alors. Une jument, double gagnante de l’Arc, n’a plus rien à prouver. Va-t-elle s’en aller sur cet exploit ? La décision sera prise de la garder à l’entraînement, à l’âge de 5 ans, fait rare, avec pour objectif désormais: un triplé historique dans la plus belle course du monde.
Le programme établi, elle entame sa quatrième année de compétition par une victoire à Saint-Cloud dans le Prix Corrida Gr.II, puis elle enchaîne avec le Grand Prix de Saint-Cloud Gr.I, avant de retrouver Longchamp dans le Prix Vermeille Gr.I et de triompher pour la deuxième fois, par 6 longueurs !
C’est alors l’heure du verdict, de la raison qui pose son année de plus à l’entraînement, l’objectif principal: l’Arc. Elle fait déplacer 60 000 personnes, venues voir la championne tenter son exploit, en plus du milliard de téléspectateurs. Les semaines précédentes, ce sont les journalistes du monde entier qui se sont massés sur “les Aigles” pour la voir déployer ses foulées, et même une affiche publicitaire où on la voit galoper sur les monuments parisiens, pour celle qui tente ce qu’aucun cheval n’a encore réussi.

Malheureusement, elle échoue, 4e à la photo, derrière Golden Horn, New Bay et Flintshire, trois jeunes devenus à leur tour des phénomènes de la discipline.
Qu’importe, elle aura malgré tout fait vibrer bien des fans, marqué l’histoire des courses, et mis en avant la discipline aux yeux du grand public !
AL CAPONE II
Incroyable longévité, rescapé avant même sa première course après avoir heurté une voiture et resté deux mois immobilisé dans son box, dérobé pour ses débuts en course à Enghien, il gagne deux semaines plus tard, pour sa première apparition sur l’hippodrome d’Auteuil. Adepte des terrains de l’automne et des températures fraîches, il brille qu’à une seule reprise dans un mérité Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I.

Né le 20 mars 1988 dans la Nièvre chez Jacques Cyprès, c’est le fils de L’oranaise, une jument qui a déjà produit The Fellow, un autre crack de la discipline 3 ans plus tôt, que repère François Doumen un Al Capone alors yearling mais déjà teigneux et dominateur, et qu’il conseille à son propriétaire Roger Fougedoire. Entre-temps, les deux hommes se séparent, et c’est Bernard Secly qui va récupérer le prodige, qui ne sera battu que par des cracks dans la belle saison de l’automne, tels qu’Ubu III, Arenice ou encore First Gold pour sa dernière sortie de sa carrière dans la Haye Jousselin, où il se classera deuxième.
Al Capone II commence sa carrière tard, à l’âge de 4 ans, et ce n’est franchement pas un début fracassant !
Enfin, peut-être plus pour son jockey que pour les spectateurs, puisqu’Al Capone II dérobe sous la selle de l’aguerri Jean-Yves Beaurain lors de sa première sortie à Enghien. C’était d’ailleurs sa seule sortie dans un hippodrome autre qu’Auteuil, cher à son entraîneur Bernard Secly.
Le reste de sa carrière est bien plus glorieux: 65 sorties, 26 victoires et 32 places. Voilà le résumé de sa carrière. Vainqueur du Prix Maurice Gillois Gr.I, il a terminé deuxième lors de sa première participation au Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I. Il terminera une autre fois à la deuxième place deux ans plus tard, avant de remporter l’épreuve en 1997. Au total, il a terminé trois fois deuxième dans cette épreuve pour une victoire. Mais son terrain de prédilection, c’est l’automne.
Ce petit cheval, qui évalue chaque obstacle, perd du temps avant d’en regagner en le franchissant, capable même de sauter le “juge de paix” pratiquement sans le toucher, a remporté à sept reprises le Prix de la Haye Jousselin Gr.I, l’équivalent du “Grand Steeple” mais à l’automne. Celui que l’on surnommait “Pompom” a connu une belle et longue carrière avec les 2,5 millions de gains dépassés, 7 Haye Jousselin, 1 Grand Steeple en 10 années de courses !
Une longévité à toute épreuve puisqu’après sa carrière de course, il est resté à Chantilly coulant une retraite paisible, gâté par les surprises des admirateurs venus lui rendre visite, lui dont la vie aurait pu s’arrêter avant même de commencer sa carrière de course, lorsqu’il s’est débarrassé de son cavalier pour heurter une voiture gardant une cicatrice à son genou, témoignage de cet épisode. Il décède le 21 octobre 2020, à l’âge de 32 ans.

Aujourd’hui encore, il est l’un des rares chevaux à avoir une statue érigée en son honneur à Auteuil, statue érigée de son vivant, seulement un mois après la fin de sa carrière.
MID DANCER
À l’inverse d’Al Capone II, teigneux et dominateur dès son plus jeune âge, Mid Dancer se révèle beaucoup plus timoré avec ses congénères. Mais lorsque viennent les jours de course, il se transforme et se montre conquérant à l’obstacle. Gagnant pour ses débuts en course, son comportement sur la piste n’a rien d’un cheval craintif, bien au contraire. Doté d’une qualité notoire, il enchaîne 9 sorties victorieuses, dont une Listed et un Groupe 3, respectivement le Prix Triquerville et le Prix Morgex.

C’est en Angleterre qu’il connaîtra sa première déconvenue, à Cheltenham plus précisément, après avoir étalé sa qualité en France et tenté sa chance de l’autre côté de la Manche. Ce sera une 12e place. Mais lorsqu’il retrouve son jardin, Auteuil, il reprend le chemin de ses succès.
En tout, ce sont 17 victoires d’affilée sur le sol français entre septembre 2004 et mai 2007, dont la Grande Course de Haies d’Auteuil Gr.I et le Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I, dans lequel il se classera toujours sur le podium à chacune de ses 6 participations. Quelques mois après, il retentera sa chance outre-Manche à Carlisle, où il terminera deuxième pour sa deuxième et dernière sortie à l’étranger.
Le pensionnaire d’Arnaud Chaille-Chaille, propriété de l’homme d’affaires irlandais Sean Mulryan, sera associé le plus souvent à des cracks jockeys comme Christophe Pieux ou Jacques Ricou, remportant 2 de ses 3 “Grand Steeple” avec Sylvain Dehez, aujourd’hui entraîneur. En plus de faire partie des trois chevaux ayant remporté à trois reprises cette épreuve, il réalise en 2007 le double Grand Steeple – Haye Jousselin, Groupe 1 qui se veut l’équivalent à l’automne. En 2008, il tentera de remporter le Grand Steeple et la Grande Course de Haies d’Auteuil, les deux courses se courant à un mois d’intervalle, sans réussite, mais avec les honneurs, puisqu’il se classera 3e et 2e des courses respectives. En tout, il remportera trois fois la plus belle des épreuves d’obstacle.
Une régularité incroyable au plus haut niveau pour une carrière qui aura duré 9 années ! Au total, ce sera 42 courses pour 25 victoires sur le sol français et principalement à Auteuil, pour 3 365 930 euros de gains. Un cheval de légende.
MILORD THOMAS
L’autre spécialiste de La Haye Jousselin, toute proportion gardée, mais qui a quand même signé un triplé dans la discipline et deux podiums, compte un palmarès impressionnant. Millionnaire avec ses 1 606 500 euros de gains, le représentant de la casaque Bryant est un métronome incontesté. En 47 courses, il est 43 fois à l’arrivée pour 12 victoires, dont 5 Groupe 1; trois Haye Jousselin en 2014, 2015, 2016 et un Grand Steeple en 2015.

Lauréat du Prix Maurice Gillois en 2013, il s’annonce déjà comme un très bon cheval sur le steeple, et le confirme dès les deux années suivantes en remportant pour la première fois le Prix de La Haye Jousselin en novembre 2014, puis le Grand Steeple-Chase de Paris au printemps 2015 et une deuxième Haye Jousselin à l’automne 2015, ce qui sera donc un triplé exceptionnel. L’année suivante, il remporte un troisième titre dans ce qui est devenu son épreuve, pour signer un triplé dans la Haye Jousselin. Mais après ce sacre, c’est une interruption de pratiquement un an, entre novembre 2016 et octobre 2017, qui l’éloigne des pistes, interruption due à un problème sur un suspenseur. Peu importe, il rentre en octobre, et 8 jours plus tard, il court le Groupe 1. Il aura eu donc en tout et pour tout une course de préparation, une course de rentrée pour préparer son Groupe 1 préféré. Malheureusement pour l’histoire et la beauté du pari, il sera devancé par Bipolaire, un autre fan du Groupe 1 automnal sur le steeple. Milord aura tout de même devancé Perfect Impulse, la pouliche d’Arnaud Chaille-Chaille, lauréate de Groupe et 2e du Grand Steeple 6 mois plus tôt, devancée par le regretté So French.
En plus d’être bon et beau, Milord Thomas avait un aspect attachant, aimé du public. Il a participé à sublimer le travail de Dominique Bressou, son entraîneur, et a marqué la grande carrière de son jockey Jacques Ricou.
Après sept belles années de carrière, il prendra sa retraite, quelques mois après celle de son fidèle partenaire Jacques Ricou.