La famille Rothschild, François Mathet, Yves Saint-Martin et Marquise de Sévigné

La famille Rothschild

Créée depuis 1834, la casaque a su grandir, et se perpétuer au fil des ans, traversant la guerre et les différentes difficultés inhérentes au milieu. Sa plus belle réussite sera sûrement d’avoir réussi à continuer d’innover, apporter des modifications tout en traversant les années. C’est avec l’association des fils de Nathan Mayer que la casaque de la famille voit le jour et que dès le départ elle se dissocie en deux parties avec deux frères en France et deux en Angleterre.
Côté français, ce sont Anthony et Nathaniel qui s’associent pour créer un premier établissement à Lamorlaye, dirigé par Thomas Carter, précédemment entraîneur pour Lord Seymour (considéré comme le fondateur des courses en France et premier président du Jockey Club et de la société des courses en France).
L’une des particularités de la famille Rothschild sera de gagner avec les chevaux de l’élevage familial et les beaux succès arrivent vite, avec en 1845 une première victoire dans le Prix du Cadran grâce à un cheval prénommé Edwin.

Le baron Nathaniel de Rothschild

À la mort du Baron Nathaniel, ce seront ses cousins Alphonse et Gustave qui reprendront la casaque familiale pour faire courir en association, mais toujours sous le nom de “baron de Rothschild”.
Ils transféreront alors l’élevage créé, en Normandie, au célèbre Haras de Meautry, en 1875, et apporteront du sang étranger en utilisant des juments anglaises à l’élevage, ce qui leur permettront de conquérir toutes les épreuves classiques et notamment plusieurs Prix du Jockey Club et Prix de Diane. Le fils d’Alphonse, Édouard de Rothschild (1868 – 1949), fera briller avec ses nouvelles couleurs Justitia dans le Prix Morny. Cette nouvelle casaque ne sera que provisoire puisqu’elle sera abandonnée à la mort d’Alphonse en mai 1905. Quelques années plus tard, après les deux guerres et une restructuration du haras après ces événements qui ont entaché la vie de tous, la famille parvient à retrouver des chevaux de qualité et des gagnants dans les belles courses, avec notamment une politique au haras axée sur les femelles et les souches nouvelles de sang. Meautry sera même considéré comme le haras possédant l’une des meilleures jumenteries européennes, sous l’impulsion du baron Édouard qui décèdera en juin 1949. Forte d’un investissement et d’une emprise sur les courses, la famille devient une évidence pour beaucoup, à tel point que le 10 juillet 1975 c’est le baron Guy qui est élu à la tête des syndicats des éleveurs sans avoir pour autant déposé sa candidature.
Âgé, il réduira son activité au fil du temps, non sans renoncer à ses différentes positions, et remportera en 2005 un dernier succès de Groupe, le Prix Guillaume d’Ornano Gr.II avec Pinson. Il s’éteindra le 12 juin 2007 à l’âge de 97 ans. C’est à la suite de cette disparition que le Prix d’Astarté sera renommé le Prix Rothschild.

Son fils Édouard prendra la relève en étant nommé à la tête de la présidence de France Galop le 18 décembre 2003, lui qui a créé depuis 1986 sa propre écurie.
Il a depuis repris les couleurs familiales et fait courir ses chevaux aussi bien en plat, discipline la plus prestigieuse, mais également en obstacle, en s’accordant les services des meilleurs entraîneurs comme Guillaume Macaire et André Fabre.
La casaque compte 11 victoires de Groupe 1 dans le meeting, partagées entre le Prix Jacques le Marois et le Prix Morny, et depuis le 30 juillet dernier une nouvelle victoire de Groupe 1 dans le Prix Rothschild.

François Mathet

“Dans l’univers des courses, François Mathet a été précurseur d’une nouvelle façon d’être complice avec le cheval. Il a peut-être compris avant d’autres les multiples facettes qui composent le tempérament du pur-sang” C’est par ces mots que le Président de France Galop, Édouard de Rothschild, a qualifié le talent et la carrière de François Mathet. C’est “la référence suprême parmi les entraîneurs” pour France Sire, pour d’autres comme Yves Saint-Martin, son jockey “l’école Mathet est là meilleure du monde” Personne ne manque de superlatifs lorsqu’il s’agit de qualifier la carrière du Saint-Cyrien, ancien amateur en course et lieutenant, cet homme qui a connu la guerre puis l’a quitté en 1942, pour être assistant de Maurice d’Okhuysen à Maisons-Laffitte. Gentleman durant dix années consécutives, de 1934 à 1944, sacré à quatre reprises meilleur amateur de France, ce fils de militaire, né un 21 mai 1908 récoltera un certain nombre de surnom tout au long de sa carrière, tous plus élogieux les uns que les autres, tant sa qualité d’entraîneur est incontestable. C’est à partir de 1944, qu’il se consacre totalement à l’entraînement. En 1947 sa carrière prend son envol lorsqu’il se met au service de François Dupré, riche homme d’affaires, hôtelier, collectionneur d’art et propriétaire-éleveur, qui lui confie sa cavalerie et permet au jeune entraîneur de faire décoller sa carrière. Bel Amour tout d’abord, avec qui, il remporte le Prix d’Ispahan en 1948. Puis Tantième qui remporte à deux reprises le Prix de l’Arc de Triomphe en 1950 et 1951. Relko lui permet d’enlever le Derby d’Epsom en 1963. L’année suivante il récupère la casaque Princière de l’Aga-Khan, suite d’Alec Head.

François Mathet et Yves Saint-Martin

Surnommé “Le sphinx de gouvieux” il va tout gagner ou presque durant sa carrière. Entraîneur à succès il va également se révéler un excellent mentor. Il formera entraîneurs comme jockeys. Yves Saint-Martin, cravache d’or à quinze reprises, sera l’apprenti qu’il aura façonné à sa main depuis le début. Leur connexion deviendra même cérébrale, à tel point que lorsque Saint-Martin prend une décision en course, Mathet pensait exactement à la même chose au même moment. Il faut dire qu’il connaissait parfaitement ses pensionnaires et avait inculqué à son jockey sa façon de penser. Côté entraînement, il est succédé par Alain de Royer-Dupré à la tête de l’écurie Aga-Khan, un entraîneur qu’il aura également formé. Tout au long de sa carrière il sera 27 ans d’affilé numéro 1 au nombre de victoires et 14 fois au nombre de gains. Il aura connu les plus beaux succès avec des chevaux tels que Tantième, Blushing Groom, Top Ville, Kalamoun ou encore Akiyda et Lightning. Il gagnera au Royaume-Unis et aux États-Unis. Parmi ses plus beaux succès en France on notera: 4 Prix de l’Arc de Triomphe, 6 Prix du Jockey Club, 7 Poules d’Essai des poulains ou encore 4 Prix Vermeille. A Deauville il enlèvera 13 Groupe 1 dont le Prix Jean Prat, le Prix Morny et le Prix Rothschild.

“La course parfaite” de Thérèse Révay

Un ouvrage a même été dédié au maître-entraîneur, où il est encore possible de l’acheter chez les différents libraires et revendeurs.

Yves Saint-Martin

Yves Saint-Martin est né le 8 septembre 1941 à Agen. Avec 15 cravaches d’or, il est considéré comme le plus grand jockey français. Formé par François Mathet il remporte sa première victoire le 26 juillet 1958, à l’âge de 17 ans, en selle sur Royalic. Il compte pas moins de 3314 victoires et 134 Groupe 1 avec des victoires en France et à l’étranger. Yves Saint-Martin c’est 4 Prix de l’Arc de Triomphe, 9 Prix du Jockey Club, 7 Prix Vermeille, 5 Prix de Diane, 3 Champions Stakes, 2 Oaks d’Epsom, 1 Derby d’Epsom, 1 Irish Derby, 1 Breeders’ Cup Turf, 1 Breeders’ Cup Mile. A Deauville c’est 6 Groupe 1 remportés, 6 victoires dans le Prix Jean Prat.

Yves Saint-Martin

Cash Asmussen

Né le 15 mars 1962 à Agar aux États-Unis, il est l’un des meilleurs jockeys en France avec une carrière et un palmarès impressionnants, inspirant plus d’un professionnel, que ce soit des jockeys, des entraîneurs ou même des journalistes spécialisés, notamment par sa monte courte importée des USA.
Né de parents éleveurs, frère d’un crack entraîneur resté aux USA avec notamment plusieurs titres de meilleurs entraîneurs au nombre de victoires, Cash a passé la première partie de sa carrière aux États-Unis. Il reçoit même le titre de meilleur apprenti-jockey. Il remportera ensuite son premier grand succès international au Japon dans la Japan Cup.
C’est à l’âge de 30 ans qu’il décide de rejoindre la France, en signant un premier contrat de monte avec l’écurie Niarchos.
Il sera sacré Cravache d’Or à 5 reprises avant de remporter le Graal, le Prix de l’Arc de Triomphe en selle sur Suave Dancer en 1991. Il prendra sa retraite en 2001 après plus de 3000 victoires !
À Deauville, Cash Asmussen compte 9 victoires de Groupe 1, ce qui le place à la troisième place de l’histoire derrière Lanfranco Dettori, Freddy Head, et ex-aequo avec Gerald Mossé et Roger Poincelet.

Cash Asmussen

Roger Poincelet

Roger Poincelet, justement !
Né le 3 mars 1921, il a exercé le métier lors d’une autre époque, certainement l’une des plus belle époque que les courses aient connu. Longtemps recordman de victoires dans les Groupes 1 deauvillais, il marque encore l’histoire en faisant partie du top 3, plus de 40 ans après sa mort.
Il fera ses débuts à 16 ans pour Ali Khan, en selle sur Manchiara. Ensuite, sa carrière s’étalera sur 40 années et un passage en obstacle, remportant au passage le Prix du Président de la République en 1940. Dix fois tête de liste des jockeys entre 1950 et 1965, il remporte à 3 reprises la plus belle course du monde, le Prix de l’Arc de Triomphe. Tout le monde se l’arrachera, que ce soit son Altesse Aga Khan, la famille Rothschild, la casaque Wertheimer ou encore Marcel Boussac.
Il sera également associé aux meilleurs entraîneurs comme Alex Head ou Étienne Pollet.
Il deviendra ensuite entraîneur, remportant un Groupe 1, mais sa mort prématurée à 56 ans l’a coupé dans cette nouvelle entreprise.

Marquise de Sévigné, une première pour la casaque Rothschild

Courue il y a deux semaines, le Prix Rothschild a sacré personne d’autre que… la casaque d’Édouard de Rothschild grâce à Marquise de Sévigné, sous l’entraînement d’André Fabre, offrant un premier Groupe 1 à son jeune jockey Alexis Pouchin. La pouliche offre ainsi à la casaque une première victoire dans le Prix Rothschild !

L’incroyable Goldikova; chapitre 1

Sur les 92 lauréates, Goldikova est la seule pouliche à avoir remporté le Prix Rothschild à l’âge de 6 ans. Il faut dire qu’elle affectionnait particulièrement cette course, avec quatre victoires au total, un véritable exploit. De plus, elle enlèvera un autre Groupe 1 dans le meeting, le Prix Jacques Le Marois, réalisant le doublé Rothschild – Marois à deux semaines d’intervalle lors de la saison 2009.

Goldikova peinte par Charles Church

Une parenthèse avec Luth Enchantée

Luth Enchantée, pensionnaire de John Cunnington et propriété de Paul de Moussac, a marqué le meeting avec son doublé dans le Prix Rothschild et Prix Jacques le Marois, se courant à l’époque à une semaine d’intervalle. Elle enchaînera d’ailleurs ensuite avec le Prix du Moulin de Longchamp avant de se classer troisième du Prix de l’Arc de Triomphe. En France, elle signera deux victoires de Groupe 1, tentant sa chance également aux États-Unis et en Angleterre sans vraiment de réussite.

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