Les chevaux de légende: acte 2

UN CHEVAL AU GROS CŒUR

Né le 04 octobre 1926, Phar Lap est l’un des cracks chevaux qu’a connu l’Australie et qui a marqué de son empreinte l’histoire des courses australiennes, néo-zélandaises et reconnu jusqu’aux États-Unis. Il a remporté 37 courses en 51 sorties, dont l’AJC Derby, le Cox Plate et la Melbourne Cup.

Phar Lap

Il démarre sa carrière dans l’anonymat total à 2 ans, terminant bon dernier pour ses débuts. Son entraîneur, Henry Telford, croit en lui, et son premier fait d’armes se produit au bout de sa cinquième sortie, dans les Warwick Stakes où il se classe bon deuxième avant d’enchaîner avec une victoire dans les Rosehill Guinées et l’AJC Derby, qui est la course australienne la plus prestigieuse pour les 3 ans. Il sera ainsi sacré meilleur poulain océanien.
Tout au long de sa carrière, il ne cessera de progresser et à partir de 1930, il va compter 35 victoires sur ses 37 apparitions dont des victoires prestigieuses dans les Groupe 1 tel que la Melbourne Cup mais également les Cox Plate, la course australienne la plus prestigieuse et réputée. Mais le programme australien l’obligera à s’exporter aux États-Unis. Sur la route, il en profitera pour gagner l’Agua Caliente Handicap, la course la mieux dotée à l’époque avec ses 100 000 dollars d’allocation, à Tijuana au Mexique, battant au passage certains des meilleurs chevaux américains et en battant le record de la piste. Arrivé aux États-Unis, il n’aura pas le temps de courir puisqu’il va mourir rapidement après son arrivée, de raisons douteuses, sans jamais connaître réellement les conditions de sa mort, lui qui avait déjà été visé par des tirs non identifiés quelques mois plus tôt à l’entraînement lors des Melbourne Stakes.

Cheval marquant, sa particularité reste son cœur, pesant plus de 6 kilos, soit pratiquement le double de celui d’un cheval normal. Il est exposé au National Museum of Australia.

Quant à son squelette, il est visible au Musée National de Nouvelle-Zélande, et son corps est exposé au Musée de Melbourne.
L’Université d’Auckland fera des études afin de comprendre ce qui permettait à ce cheval d’être si performant et trouvera la réponse dans ses foulées immenses, de près de 8,50 mètres, ce qui en fait le cheval avec les foulées les plus grandes jamais enregistrées !

LE CHEVAL QUI VOLAIT: WINX

C’est le seul cheval de l’histoire à avoir remporté les Cox Plate à 4 reprises, qui est LA course, avec la Melbourne Cup en Australie, d’ailleurs surnommée l’Arc australien…
Achetée aux ventes pour 230 000 dollars australiens, Winx possède quelque chose en plus… et qui sera révélée après étude: elle possède non pas des foulées plus grandes que les autres, mais elle répète ses foulées plus rapidement, tout en restant dans un galop parfait. Avec le rythme des courses australiennes, elle est donc parfaitement taillée pour gagner.
C’est ainsi qu’à 3 ans, elle est lauréate de Groupe 2 dans les Furious Stakes et deuxième dans les Flight Stakes Gr.I

Winx saluant une dernière fois son public

En mars 2015, à l’âge de 4 ans, elle renoue avec la victoire dans les Phar Lap Stakes Gr.II
Il faudra attendre le 30 mai de cette même année pour une victoire dans un Groupe 1, dans les Queensland Oaks pour sa première tentative sur 2200 mètres.
À partir de là, elle ne connaîtra plus aucune défaite. 32 victoires d’affilée, dont 25 de Groupe 1, et uniquement des victoires de Groupe (principalement de Groupe 2) pour le reste, sur des distances allant de 1300 à 2000 mètres.
Le 24 octobre 2015, lors de sa première victoire dans les Cox Plate, elle devancera Hartnell mais surtout reléguera le globe-trotter d’Aidan O’Brien, Highland Reel, deuxième du Prix de l’Arc de Triomphe et vainqueur de la Breeder’s Cup en 2016, à plus de cinq longueurs.
En 2016, avec un rating de 134 donné par TimeForm et de 132 par la FIAH (Fédération Internationale des Autorités de Courses au Galop), Winx obtient le plus haut rating jamais accordé, surpassant même Zarkava ou Trêve.
Cheval de l’année de 2015 à 2019, intégrant le Hall of Fame des courses australiennes en 2017, ce qui d’habitude intègre les chevaux à leur retraite, elle remportera même “sa course”, les Winx Stakes en 2018.


En 2019, pour sa dernière année, son programme s’établit avec 4 courses en 3 mois, où elle fera déplacer pour sa dernière apparition 42 000 personnes venues la voir une dernière fois. Elle remportera ce 13 avril 2019 son dernier succès à l’âge de 8 ans, pour le plus grand bonheur de tous.
Avec 33 victoires, dont 25 de Groupe 1, Winx est devenue le cheval le plus riche de l’histoire des courses mondiales, avec un compte en banque d’un peu plus de 26 millions de dollars australiens, soit près de 17 millions d’euros, et devient par la même occasion le cheval le plus célèbre de l’histoire des courses australiennes.

NORTHERN DANCER: LE PÈRE DES COURSES

Considéré comme l’étalon du siècle, il s’est également illustré comme un très bon cheval sur la piste !
Même si sa carrière n’a pas débuté comme prévu, compliqué et (très) petit, il n’a pas trouvé preneur sur le ring des ventes.
Resté donc auprès de son éleveur qui deviendra son propriétaire, il va débuter sa carrière de course. Mais déjà compliqué avant de débuter, l’idée de son entraîneur de le castrer vint rapidement, sans compter sur le désaccord formel de son éleveur – propriétaire qui lui sauva la mise.

Northern Dancer

Débutant sous la selle du partenaire de Secrétariat, Ron Turcotte, il fit grosse impression. Très vite, après quelques victoires, il se retrouve favori des Coronation Futurity Stakes, la course pour les deux ans la plus richement dotée du Canada. Il s’impose et enchaîne en remportant les Remsen Stakes afin de terminer sa saison avec 7 victoires en 9 sorties, et d’être sacré meilleur deux ans au Canada.


Pour son année de trois ans, il reprend du service dès février en se classant 3e pour sa rentrée, avant de remporter la préparatoire pour le Kentucky Derby, les Flamingo Stakes. S’en suivront deux victoires dans deux autres préparatoires, les Florida Stakes et les Blue Grass Stakes.
Il remportera en outsider le Kentucky Derby Gr.I, après une lutte avec le favori et invaincu Hill Rise, battant le record de la course en deux minutes tout pile, record qui ne sera battu que par Secrétariat en 1973 mais reste dans le top 3 des temps les plus rapides.
Il devient le premier cheval élevé au Canada à remporter le Kentucky Derby, faisant la une dans son pays. Deux semaines plus tard, il remportera les Preakness Stakes Gr.I deux longueurs et demie devant Hill Rise. Il devance par la même occasion les cinq premiers du Kentucky Derby, affirmant sa supériorité.
Malheureusement, il échouera dans sa conquête de la triple couronne en se classant troisième à Belmont Stakes. Parti favori, mais focalisé sur l’idée de battre une troisième fois Hill Rise il oublie de s’occuper de la course et des autres concurrents. Il se retrouvera pris au piège, trop loin pour venir défendre ses chances.

Après une blessure à un tendon à l’entraînement au mois de juillet suivant, il prendra sa retraite.
Il obtiendra le titre de meilleur 3 ans et cheval de l’année au Canada, ainsi que meilleur 3 ans de l’année aux États-Unis. Il sera également élu athlète de l’année au Canada, une première pour un cheval !
Au total, ce sont 18 courses, 14 victoires pour 4 places et 580 806 dollars de gains.

Northern Dancer posant pour la photo

Mais c’est au haras qu’il va se sublimer !
Améliorateur sans précédent, jouant même contre lui à la fin de sa carrière, omniprésent dans les courants de sang, ne pas le retrouver dans un pedigree deviendra un atout pour éviter tout risque de consanguinité. Et malgré son million d’euros la saillie à la fin de son activité, l’étalon transféré aux États-Unis à la fin des années 70 connaît une attractivité hors du commun. À l’âge de 20 ans, il sera même proposé à son éleveur 40 millions de dollars, qu’il refusera.
Pour mieux comprendre son immense influence, voici les quelques données impératives à noter:
Parmi les dix yearlings les plus chers de l’histoire, tous sont descendants de Northern Dancer, et ses produits furent top price à 12 reprises aux ventes de Keeneland, les ventes les plus importantes aux USA. En 1983, Snaafi Dancer fut le premier yearling à dépasser la barre des 10 millions de dollars.
L’année d’après, les 12 produits vendus à ces mêmes ventes ont affiché une moyenne de 3,5 millions de dollars. En tout, ce sont 174 produits de l’étalon passés sur le ring pour 160 millions d’enchères.
Depuis 1990, tous les étalons tête de liste en Angleterre sont de sa descendance, fils ou petits-fils exactement. Son meilleur continuateur n’est personne d’autre que Sadler’s Well, le père de Galileo, qui parle à bien plus de monde aujourd’hui…
Grand-père maternel d’Arazi, Northern Dancer est également père de père de Three Troikas et Danehill (grand-père maternel et arrière-grand-père paternel de Frankel).
C’est aussi le père de Danzig lui-même père de Green Desert USA (père de Cape Cross, d’Invincible Spirit lui-même père de Kingman, et père d’Oasis Dream).
C’est également le grand-père paternel de Miesque… bref, il est dans le sang de tous les cracks, de ceux qui ont marqué l’histoire aussi bien sur les champs de courses qu’au haras, indifféremment des étalons ou des juments !
Et dire que son entraîneur voulait le castrer à deux ans…

LE PRODIGE CYRLIGHT

Issu de l’élevage de Patrick Boiteau, éleveur entre autres de Karly Flight, qui a connu une réussite insolente au début des années 2000, sous l’entraînement d’Arnaud Chaille-Chaille et propriété de Sean Mulryan, Cyrlight est le cheval qui offrira à la casaque, alors encore inconnue, la première victoire de Groupe 1 sur les obstacles en France, lui qui a été acquis après sa cinquième victoire consécutive 2 mois plus tôt.
Lauréat du Prix Ferdinand Dufaure Gr.I et du Maurice Gillois Gr.I, les deux Groupes 1 pour les 4 ans sur le steeple, Cyrlight a débuté sur les haies de Vichy le 01 Août 2003 et était invaincu jusqu’à sa tentative de doublé du Prix Maurice Gillois – Prix Renaud du Vivier, Grande course de Haies des 4 ans à deux semaines d’intervalle.

Cyrlight au saut du Rail Ditch and Fence

Jusqu’à sa tentative dans le Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I le 28 mai 2006, il ne s’était jamais classé au-delà de la deuxième place en 17 sorties !
Malheureusement, il ne remportera jamais cette épreuve mais remportera à plusieurs reprises les préparatoires, portant à 8 ses victoires de Groupe. Sa fin de carrière s’avérera plus compliquée que ses débuts avec une alternance entre les haies et le steeple, mais il restera un cheval incroyablement précoce et avec une très belle longévité, lui qui compte au moment de se retirer 31 courses pour 20 victoires et 9 places, ainsi qu’un compte en banque riche de 1 310 160€.

POUR L’HISTOIRE DES COURSES D’OBSTACLE

Vainqueur du Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I alors qu’il se courait sur 6800 mètres à l’âge de 5 ans, Pot d’Or a battu trois futurs vainqueurs du Grand Steeple: Haron en 1968, Huron en 1969 et 1970, et Morgex en 1972 (selon Les Cahiers du Turf via We Sport)
Après une victoire en fin d’année en tant que 2 ans sur l’hippodrome de Saint-Cloud, il entame son année de 3 ans au printemps sur les haies d’Auteuil, puis sur le steeple au début de l’automne de la même année. À 4 ans, il enlève le Prix Maurice Gillois Gr.I, avant de triompher dans le Grand Steeple, alors couru sur la longue distance de 6800 mètres, à l’âge de 5 ans, ce qui n’était pas vraiment la tendance de l’époque.
Échappant à la castration, son entourage allant encore une fois à l’encontre des principes de l’époque, il sera vendu au haras de St Lô à 6 ans où il produira des chevaux de courses mais également des sauteurs pour le classique.
Pour son exploit, son défi relevé à une époque où la coutume allait à l’encontre, sa qualité a prouvé que c’était possible, il restera dans la légende des chevaux d’obstacles français !

Pot d’Or au Haras des Tess

UN FRANÇAIS EN ANGLETERRE

Propriété de Claude Cohen dès sa deuxième course et sous l’entraînement de Serge Foucher, Kauto Star est lauréat de Listed et Groupe 3 à Auteuil, mais également deuxième du Prix Cambacérès Gr.I, cumulant 211 860 € de gains avant d’être exporté avec succès en Grande-Bretagne.
Sa carrière débute à Bordeaux le 1er mars 2003 où il se classe deuxième, après réclamation et rétrogradation, derrière son compagnon de box, Star Glory, avant de remporter trois courses, dont le Prix Robert Lejeune, Listed, le 27 septembre sur l’hippodrome d’Auteuil.
Il attendra ensuite pratiquement un an avant de triompher de nouveau, non sans courir de belles courses mais sans réussite sur la plus haute marche du podium, le 30 mai 2004 dans le Prix de Longchamp, un Groupe 3 sur les haies.


Il va ensuite être exporté de l’autre côté de la Manche, acheté par Clive Smith et entraîné par Paul Nicholls, où il va se révéler sur le steeple de longues distances. Il formera le duo avec Denman, à la fois voisins de box mais également rivaux sur les pistes, et feront vivre les belles années de leur entraîneur. Élu cheval le plus populaire d’Angleterre à l’hiver 2011-2012, il réalisera l’exploit de battre le crack de Guillaume Macaire, Long Run. Il restera le recordman de succès de Groupe 1 avec ses seize victoires.
En tout, il y remportera 18 courses de Groupe, dont 16 en Groupe 1, et ne sortira jamais des trois premiers à l’exception de trois chutes et de deux arrêts.
Il remportera les plus belles courses, dont 5 King Georges VI, sur l’hippodrome de Kempton, et 2 Gold Cup sur le mythique champ de courses de Cheltenham.

Kauto Star bien fier pour sa présentation après sa cinquième victoire dans les King Georges VI

Il prendra sa retraite en 2012, à l’âge de 12 ans.
Ironie du sort, il s’accidentera à la retraite, vraisemblablement en voulant sauter dans son paddock, et sera euthanasié en juin 2015 en raison de la gravité de ses blessures.

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