Les meetings: Pau et Cagnes en prélude d’une saison classique

Pau et Cagnes-sur-Mer sont les deux hippodromes qui animent les courses durant l’hiver. À Pau, c’est un peu moins de trois mois où les courses d’obstacles et de plat se mélangent, avec une priorité donnée à l’obstacle, mais avec une volonté depuis ces dernières années d’amener de l’animation autour du plat et de s’affirmer dans cette discipline.
À l’opposé, sur la côte méditerranéenne, Cagnes-sur-Mer organise son meeting dans les deux disciplines du galop, mais ici, étalé également sur les trois mois de décembre à février, les disciplines sont divisées, avec l’obstacle pendant le premier mois et demi, puis le plat qui est la discipline phare sur cet hippodrome.

PAU

Le meeting d’hiver, qui termine l’année en cours et réouvre la prochaine, rythme l’incessant recommencement des courses. Dans ce monde où rien ne s’arrête, Pau est le théâtre des courses d’obstacles avec son meeting qui s’étend de début décembre à mi-février.
Il accueille durant ces trois mois plusieurs dizaines de milliers de visiteurs. Les plus grosses journées, ce sont pratiquement 10 000 personnes qui viennent soutenir Hommes et chevaux et profiter du soleil d’hiver du Béarn.

L’hippodrome de Pau vu du ciel

Pau se montrera extrêmement précoce dans l’histoire des courses, avec une première société des courses créée en 1839. Trois ans plus tard, ce sera l’inauguration du site et les débuts des courses.
C’est en 1879 qu’aura lieu la première édition du Grand Prix et en 1924 le premier Grand Cross, réputé en France et à l’étranger, faisant partie du trophée de la Crystal Cup (challenge qui regroupe les plus beaux et réputés cross européens au nombre de 11), mais aussi des trois Grand Cross français, avec l’Anjou Loire Challenge et le Grand Cross de Craon, Pau restant sans doute le plus technique et impressionnant. Il est labellisé Listed, comme les deux autres.
Aujourd’hui, la Grande Course de Haies et le Grand Prix, comprenez le Grand Steeple de Pau, sont respectivement labellisés Listed et Groupe 3.
En 1881, Maubourguet réalisera le premier doublé, Grand Prix – Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I.
Pau devient ainsi un hippodrome de référence pour Auteuil et notamment pour remporter les plus belles courses au printemps, comme l’a pu démontrer Carriacou il y a quelques années et même Rosario Baron cette année !

De cet hippodrome chargé d’histoire, nous retiendrons certains noms célèbres. Que ce soit les chevaux ou les Hommes, ils ont marqué le meeting palois:
Cupidon restera le premier vainqueur du Grand Prix en 1879.
Sleeping Jack fera le doublé Grand Prix – Grand Steeple-Chase de Paris Gr.I en 2005.
L’Yser débutera à l’inverse par la victoire dans le Grand Steeple de Paris avant de remporter le Grand Prix devant Master Bob et Heros XII, ce dernier ayant marqué Auteuil, qui lui rend même hommage en lui dédiant un Prix (Prix Heros XII) qui est une préparatoire au Prix de la Haye Jousselin Gr.I.
Mississippi réalisera le triplé dans le Grand Prix Gr.III. Rubi Ball s’imposera en 2012 dans le Grand Prix, lui qui a, entre autres, enlevé le Prix Ferdinand Dufaure, Groupe 1 pour les 4 ans sur le Steeple d’Auteuil, et le Prix de la Haye Jousselin Gr.I en 2010.
Forthing réalisera l’exploit de faire deux fois le doublé Grand Prix, Gr.III – Grande Course de Haies, Listed. Monsamou le réalisera quant à lui à une reprise.

Chez les Hommes, les frères Pelat domineront les années 40 avec une armada de chevaux et de nombreuses victoires.
Plus atypique, Alphonso de Portago, frère de la marquise de Moratalla, montera son propre cheval, Garde Toi, en 1950, et sera le premier sportif à faire les deux Grands Prix, celui à cheval mais aussi en voiture. Pilote, il perdra d’ailleurs la vie en course, en Italie en 1957.
Jean-Claude Rouget remportera avec Jaccoud le Grand Steeple-Chase d’Automne en 1980 (à l’époque où Pau organisait son meeting d’automne) mais aussi le Grand Prix le 17 janvier 1982.
Isabelle Pacault devient en 2016 la première femme à remporter la course phare paloise avec Winneyev pour sa casaque et son élevage.
David Cottin, en tant qu’entraîneur, remportera trois fois le Grand Cross, deux avec Uroquois, le champion de cross de Magalen Bryant, et une fois avec Easysland, cheval avec lequel il remportera le célèbre cross de Cheltenham.
Il le gagnera également deux fois en tant que jockey, les deux fois avec Malberaux, le crack de son père, qui remportera quatre fois la course. Christophe Pieux sera statufié, la statue se trouvant à l’entrée de l’hippodrome. Connu et reconnu, le jockey aux 15 cravaches d’or est aujourd’hui encore le seul jockey français à être statufié de son vivant.

Christophe Pieux avec sa statue

CAGNES SUR MER

Le tout premier hippodrome de la Côte d’Azur voit le jour en 1868 à Nice et sera prénommé “Hippodrome du Var”.
Quelques années plus tard, en 1920, c’est un deuxième hippodrome qui est construit sur la Côte d’Azur, cette fois à Cannes. Malheureusement, ils cesseront tous deux après la Seconde Guerre mondiale et laisseront place à un troisième champ de courses, dont les constructions débutent en 1949, pour s’achever 3 ans plus tard: l’hippodrome de Cagnes-sur-Mer qui sera inauguré officiellement le 17 décembre 1960.
Les courses de trot feront d’abord leur apparition, puis le plat et l’obstacle !
Depuis 1898, date du premier meeting, le soleil brille sur la Côte d’Azur et les courses qui se tiennent chaque hiver sont un véritable événement. Le climat est avant tout la pièce maîtresse dans la réussite de l’hippodrome pour la discipline, là où il est impossible de courir sur le gazon à Paris, Cagnes ne rencontre aucun problème. C’est donc le premier rendez-vous prisé pour les belles courses, que ce soit pour s’illustrer dans des lots un peu plus faciles que quelques mois plus tard à Paris, ou pour préparer les belles joutes du début de printemps parisien.
De plus, la PSF, rénovée en 2008, permet de garder un gazon parfait du début à la fin du meeting !

Le magnifique hippodrome de Cagnes-sur-Mer

En plat, le calendrier est court mais intéressant, avec notamment de belles courses labellisées Listed, telles que le “Grand Prix du département 06” qui constitue la 1ère étape du défi de galop, un challenge prestigieux qui se déroule tout au long de l’année avec pas moins de 16 courses proposées. On retrouve également le “Grand Prix de la Riviera”, l’important “Prix Saonois” et le renommé “Prix Policeman” autrefois labellisé Listed, désormais Classe 1.

L’obstacle prendra ses quartiers dès l’inauguration des tribunes, le 22 décembre 1956, pour un mois et demi.
Un mois pile après auront lieu la première Grande Course de Haies et le 27 janvier 1957, le premier Grand Prix de la ville de Nice, version Cagnes !
Un an plus tard, le deuxième meeting est lancé, à partir du 22 décembre 1957 et jusqu’au 7 février 1958. Il réunira 78 courses.
Le meeting cagnois d’obstacle est alors ancré et le reste jusqu’à nos jours, où il est désormais menacé. Toutefois, l’hippodrome est en constante évolution, notamment pour l’obstacle au cours de ces dernières années.
Le meeting a été avancé au début de décembre pour s’achever mi-janvier, laissant place à deux événements principaux, la Grande Course de Haies et le Grand Prix, respectivement labellisés Listed et Groupe III.

A Cagnes, on aime honorer les anciens combattants, Hommes et Chevaux, qui laissent sur la piste un dévouement sans pareil. Ainsi, ceux qui ont marqué l’histoire de la Côte d’Azur reçoivent un hommage par le biais des différents Prix nommés en leur nom:
Le Bouif: vainqueur du Grand Prix de la ville de Nice puis de la Grande Course de Haies en 1930.
Alvarado: vainqueur du Grand Prix de la ville de Nice en 1932.
Goodea: vainqueur en janvier 1988 à Cagnes avant de remporter la Grande Course de Haies d’Auteuil Gr.I, en juin suivant ! Pour la petite histoire, c’est ce cheval, sous l’entraînement de Jean-Paul Gallorini, qui offrira une première victoire de Groupe 1 à une femme en obstacle, l’heureuse Béatrice Marie.
Cyborg: vainqueur du Grand Prix avant d’enlever le Prix Maurice Gillois, Groupe 1 pour 4 ans à Auteuil.
Carmont réalisera le doublé dans le Grand Prix en 1980 et 1981, Le Clos Marville en 1990 et 1993, Belussac en 1997 et 2001.

André Adèle, remportera son dernier Groupe ici, ce sera le Grand Prix en 1978.
Jean Yves Beaurain, père de l’actuel jockey Thomas et crack jockey à son époque également, s’illustrera à plusieurs reprises dans les plus belles épreuves de l’hippodrome Cagnois.
Chez les entraîneurs, chaque meeting depuis quelques années maintenant, Pierre Fertillet et Yannick Fouin se battent pour la place de numéro 1 des entraîneurs du meeting, avec des réussites notables dans les belles épreuves. Le très charismatique Jean-Paul Gallorini passera ses hiver à Cagnes, sélectionnant soigneusement ses chevaux pour le meeting. Son amour pour les lieux l’amènera même à s’y rendre après sa carrière d’entraîneur.

André Adele, figure incontournable de l’obstacle.

Jean Doumen, célèbre entraîneur, a fait de Cagnes un terrain de jeu pour ses pensionnaires, tandis que Jean-Claude Rouget, en plat, fait le déplacement chaque année et remporte de nombreuses courses, notamment avec ses débutants, lui conférant la place de numéro 1 des entraîneurs à chaque meeting.

Au final, Hommes et chevaux ont leurs habitudes. Que ce soit en plat, mais aussi et plus particulièrement en obstacle, l’aptitude à la piste, au tracé et au rythme de course sont des facteurs prépondérants.
L’hippodrome de Cagnes répond davantage à des aptitudes de vitesse, avec un tracé coulant, alors que Pau demande aux chevaux une certaine qualité physique pour franchir les obstacles et boucler des parcours s’apparentant beaucoup plus à Auteuil. De par les succès d’ailleurs, on voit bien que le steeple de Pau permet à bon nombre de chevaux d’aller sur le steeple d’Auteuil, voire même de triompher dans la plus belle épreuve. Cagnes a quant à lui permis à certains de triompher dans des Groupes 1 sur les haies de la butte Mortemart. En ce qui concerne le plat, Cagnes a clairement une longueur d’avance, contrairement à l’obstacle, grâce à son gazon et à sa PSF, mais aussi à son programme qui propose depuis longtemps des courses d’un rang supérieur.

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