Par Maxime Seyvet
Avant toutes choses, nous tenons à remercier chaleureusement Monsieur Charley Mottier pour avoir répondu favorablement à notre demande d’interview ainsi que pour sa grande disponibilité.

📸 Facebook – Charley Mottier
❝ Les dernières années qui se sont écoulées furent un petit rêve pour nous ! ❞
Installé depuis 2018 à Lassay-les-Châteaux, sur les anciennes terres du haras familial, Charley Mottier partage son écurie avec son beau-frère, Alexis Grimault.
Jeune entraîneur talentueux, les débuts de Charley Mottier n’ont pourtant pas été un long fleuve tranquille. Endeuillé à l’âge de 11 ans, il a dû faire preuve de patience, de courage et d’une noble persévérance pour finalement s’immiscer, aujourd’hui, dans le Top 50 des entraîneurs en France, à seulement 28 ans.
Portrait de ce jeune prodige, qui a accepté de nous raconter son parcours et de répondre à nos questions.
–Bonjour Charley, pour les personnes qui vous découvrent, comment êtes-vous entré dans le monde des courses hippiques ? Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
❝Mon père [Patrick-Marc Mottier] était entraîneur, c’est ce qui m’a donné envie de rentrer dans ce milieu qui est aussi ma passion. Il nous a malheureusement quitté en 2005, lorsque j’avais 11 ans. J’ai commencé le métier en apprentissage tout d’abord chez Guy Verva. Les débuts n’ont pas été faciles, sans père à mes côtés pouvant me confier des chevaux. J’ai gagné seulement 3 courses en l’espace de 3 ans… mais j’étais à “bonne école” à cette époque pour apprendre que ce n’était pas grave et qu’il fallait réfléchir sur le long terme. Arrivé plus tard chez Bruno Marie, j’ai beaucoup progressé. Ces professionnels nous accordent une grande liberté où nous disposons d’une grande autonomie. Livré à moi-même, j’ai fait des erreurs, ai appris à les rectifier, et ainsi, ai pris peu à peu confiance en moi, ce qui n’est pas aisé dans ce milieu… Enfin, une fois professionnel, je me suis dirigé vers le métier d’entraîneur.❞
–Ou est située votre écurie ?
❝L’écurie est située à Lassay-les-Châteaux. Nous y sommes installés avec mon beau-frère, Alexis Grimault et partageons le site. Nous avons commencé ensemble, en divisant les charges. Nous avons ensuite développé et mis en oeuvre une méthode commune. Désormais, nous sommes toujours ensemble, avec chacun nos salariés, on soigne nos chevaux ensemble même si chacun attèle les siens… Mais si quelqu’un a besoin d’un coup de main, on est là pour s’aider mutuellement ! L’entente est super bonne (sourire). Les quatre dernières années qui se sont écoulées furent un petit rêve pour nous !❞

🎬 Youtube – Equidia
–Quelle est la victoire qui vous a apporté le plus d’émotions ?
❝Sentimentalement, ce sont bien sûr les Prix Patrick Mottier, rendant hommage à mon père, notamment à Laval l’an dernier [avec Elixir Wind] et également avant cela à Saint-Malo, lors du printemps 2021, en amateur, où c’est ma cousine [Emilie Duperche] qui montait [Falfaust], avec la casaque de mon père. C’est sentimentalement la plus belle victoire, emplie d’émotions.❞
–Vous êtes actuellement situé dans le Top 50 dans la colonne des entraîneurs en 2022, comment expliquez-vous une telle réussite ? Quel est votre secret ?
❝Alors… en tous cas je ne pense pas être meilleur qu’un autre (rires) ça c’est sûr ! Mais l’essentiel est de se poser tranquillement, de se poser les bonnes questions, sans trop réfléchir néanmoins, sinon on n’avance plus ! Il y a une petite part de chance également, j’ai eu la chance de tomber sur des bons chevaux, mais aussi des propriétaires qui me laissent une grande liberté pour gérer la carrière de leurs chevaux.❞

📸 Facebook – Charley Mottier
–Avez-vous une méthode bien spécifique pour chacun de vos chevaux ?
❝Il y a tout de même une méthode de base. Ensuite on essaye de s’adapter selon leurs caractères propres. Certains ont besoins d’être dans le calme, d’autres plus réveillés. Certains aiment dominer, d’autres sont plus à l’aise dans les dos, afin de leur donner du moral. Pour finir, on essaye de les faire tenir sur la durée, de les faire vieillir, et donc de privilégier plusieurs mois de repos dans l’année.❞
–Comment va votre petit championne au trot monté, Hilyrose d’Icelea ? Va -t- on la voir cet hiver à Vincennes ?
❝Hilyrose d’Icelea s’était malheureusement blessée au paddock. J’ai dû l’arrêter le temps de bien la soigner. C’est une jument très attachante. Suite à ce contretemps, elle ne devrait se produire qu’à une seule reprise sur la cendrée, au mois de décembre.❞
🎬 Youtube – Equidia
–Avez-vous un objectif avec elle ?
❝En effet, j’aimerais beaucoup participer à la course montée en Suède, en mai prochain, le même jour que l’Elitloppet. C’est une course parfaite pour ses aptitudes : piste plate, 1.609 mètres, départ à l’autostart où elle part comme une fusée… Bien sûr il faut être invité…❞

📸 Scoopdyga
–Nous avons pu, aux travers de vos différents réseaux sociaux, suivre votre périple aux U.S.A, qu’est-ce-qui vous a le plus marqué durant cette visite ? Quelle principale différence du point de vue de la filière pointeriez-vous par rapport à la France ?
❝La chose qui m’a le plus marquée est la piste du Red Mile, en terre battue. Je ne savais pas que l’on pouvait utiliser ce type de substrat pour un anneau de compétition. J’ai eu le privilège de pouvoir entraîner une matinée sur cette piste, en excellent état, ce fut une très belle découverte !
La principale différence qui dénote par rapport à la France réside dans le rôle défini des professionnels dans la filière. Chacun a sa casquette : les éleveurs élèvent et vendent leurs chevaux, les propriétaires sont et restent uniquement propriétaires, et, hormis quelques entraîneurs qui drivent, les entraîneurs entraînent et les drivers drivent… C’est un modèle totalement différent du notre : eux ne pourraient pas faire comme nous (à la fois élever, puis entraîner et driver !) et nous non plus, nous ne pourrions pas faire comme eux (avoir uniquement un rôle unique à jouer !).❞

–Au fait, quel est votre hippodrome préféré ?
❝Hum… comme ça je ne sais pas, j’adore Vincennes (sourire) mais j’aime beaucoup l’hippodrome du Croisé-Laroche : la piste est sélective, sans filtre, et où l’on voit souvent le meilleur cheval de la course gagner. J’ai également une belle réussite sur une piste comme Graignes, même si, à contrario, le profil de cette piste ne permet pas souvent aux meilleurs de triompher…❞
–Regardez-vous les courses de galop ?
❝Je regarde uniquement les plus belles courses au plat (rires). Cependant, j’adore l’obstacle, j’ai même, en association avec des amis, fait l’acquisition de jeunes sauteurs !❞
–Avez-vous un petit chouchou dans l’écurie ?
❝Il y en a plusieurs (sourire) ! Mais s’il fallait en détacher un(e), ce serait Divine Monceau. C’est la jument de Quentin [Verneuil], un de mes meilleurs amis, qui a gagné plusieurs courses avec elle en amateurs et elle nous a fait vivre des moments uniques. Partager à plusieurs ces émotions-là, c’est super. C’est une jument hyper attachante, qui a gravi les échelons, elle a gagné l’étape du G.N.T. de Salon de Provence, c’était une victoire inattendue… Ces victoires-là sont magnifiques. Ce n’est certes pas une grande crack… mais c’est notre petite crack à nous !❞

📸 LeTROT
–Avez-vous un petit espoir chez les jeunes dans votre écurie ?
❝Dans un futur proche, Kyrielle des Vaux est une pouliche qui, je pense et j’espère, devrait prendre part aux courses réservées aux femelles. Elle ne devrait pas être ridicule. Dans un futur plus lointain, Kloklo d’Héripré est un poulain que j’aime bien. Il n’est certes pas encore qualifié mais devrait courir à partir de l’an prochain.❞
–Enfin, quelle(s) amélioration(s) souhaiteriez-vous voir afin d’amener un public plus nombreux et/ou plus jeune sur les hippodromes ?
❝Je trouve que les soirées à thèmes [nocturne sous le signe des Tropiques – Brésil – Portugal] qui ont eu lieux récemment sont une bonne idée afin de ramener du monde, cela devrait-être fait, à mon humble avis, chaque week-end.
En outre, je pense que tous les hippodromes devraient remettre un bon à parier de la même valeur que le prix d’entrée au public, afin que les spectateurs n’aient pas l’impression d’avoir payé trop cher leur entrée, et ainsi, de profiter d’un bon moment en famille.❞

CHARLEY MOTTIER
Encore un grand merci à Monsieur Charley Mottier pour le temps qu’il nous a accordé ainsi que pour ses anecdotes personnelles et passionnantes racontées lors de cette interview.
Par Maxime Seyvet